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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 15:57

15/06/2009

Rafale : "La France a fait le bon choix, celui de voler de ses propres ailes"

Larousse A l'occasion de l'ouverture ce matin du Salon du Bourget, voici quelques extraits de mon récent livre "Défense européenne, la grande illusion". (Editions Larousse, 9,90 euros). Il s'agit du chapitre consacré aux choix industriels. Où l'on voit que l'Europe coûte cher...

"Les nations sont trop petites et elles doivent s'associer si elles veulent continuer à jouer dans la cour des grands. On connait l'antienne. Mais c'est faux. L'histoire récente de l'aéronautique militaire européenne est là pour le prouver. L'union ne fait pas toujours la force, et encore moins le succès. C'est l'histoire du combat entre le Rafale et l'Eurofighter. La France a fait le bon choix, celui de voler de ses propres ailes. Voici pourquoi. (...)

Deux avions ont bien été construits : le Rafale et l'Eurofighter par un consortium regroupant le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. Mais entre les deux, il n'y a pas photo, que ce soit sur les qualités de l'avion ou sur son prix. Tout franco-français qu'il soit, le Rafale remporte la partie. « D'un point de vue économique, le pari de faire baisser les coûts de l'Eurofighter grâce à la coopération a totalement échoué : tant le coût de construction du Rafale que son coût total (développement compris) sont inférieurs à ceux de l'avion européen », constatait par exemple en 2006 la journaliste économique Anne-Marie Rocco, dans l'hebdomadaire Challenges. Même un europhile convaincu, comme Jean-Dominique Giulani, président de la Fondation Robert Schuman, le reconnaît : « l’idée selon laquelle la coopération européenne réduirait les coûts des équipements militaires ne résiste pas toujours à l'épreuve des faits ». Un point de vue partagé par la plupart des spécialistes, qui s'accordent à penser qu'un Eurofighter coûte aux contribuables des pays concernés, au moins 1,5 fois plus cher qu'un Rafale pour le contribuable français. Les coûts de l'Eurofighter ont tellement explosé que, depuis 2003, le Ministry of Defence britannique ne les communiquent plus, officiellement « pour des raisons commerciales ». Quant au Rafale, selon un récent rapport du Sénat français (novembre 2008), le coût total du programme pour l'Etat est de 39,6 milliards d'euros, sur la base de 286 appareils. Plus de 135 millions d'euros par avion, si l'on intègre les coûts du développement, c'est cher, c'est horriblement cher pour le contribuable. Mais la facture aurait été de 50% supérieure si la France avait fait le choix de l'Europe! En faisant cavalier seul, on a donc économisé près de 20 milliards d'euros...

La coopération européenne ne réduit pas les coûts, bien au contraire. Selon la théorie économique, produire plus d'avions devrait faire baisser le prix unitaire de chaque appareil. Ce sont les « économies d'échelle », mais l'Europe a inventé une échelle qui fait grimper les prix. Selon le principe du « juste retour industriel », les pays participants exigent en effet que chacun d'entre eux reçoivent une part de travail proportionnelle à leurs commandes. (...)

 

Très critiqué, le choix de jouer en franco-français plutôt qu'en européen apparaît aujourd'hui comme le plus rationnel, tant sur le plan des finances publiques que sur celui des besoins militaires. On l'oublie souvent, mais la France n'est pas le seul pays européen à avoir agi de la sorte. La Suède, très soucieuse de son indépendance, a fait de même. La Suède, avec ses 10 millions d'habitants et son produit intérieur brut six fois inférieur à celui de la France, est l'un des rares pays au monde à avoir conservé une industrie aéronautique nationale. Depuis les années 1930, les Suédois construisent des avions de combat, comme les célèbres Saab Drakken, Viggen et désormais Gripen. Non seulement, la Suède produit des avions de guerre, mais elle réussit à en exporter (...). Ce que la petite Suède sait faire, et plutôt bien, il n'y avait aucune raison que la France – six fois plus grande – ne puisse le réussir, n'en déplaise à tous les idéologues qui estiment, une fois pour toutes, que la France est trop petite.

Ce que démontre l'exemple de la Suède, c'est que rien ne remplace la volonté politique. Le contre-exemple parfait est celui des Pays-Bas. Les deux pays sont comparables : une culture proche, une vieille tradition étatique, une population et une richesse voisines, avec même un léger avantage pour la Hollande. Sauf que La Haye a renoncé. Comme Saab en Suède, les Pays-Bas avait pourtant leur constructeur aéronautique national avec Fokker. Il a aujourd'hui disparu. Après la seconde guerre mondiale, les Pays-Bas, il est vrai beaucoup plus touchés que la Suède restée neutre, renonce à conserver une capacité nationale à construire des avions de combat, pour s'en remettre aux Britanniques, puis aux Américains".


Jean Dominique Merchet / secret défense
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