Charles Pasqua, condamné à un an de prison ferme dans l'affaire de l'Angolagate, a redit jeudi que l'ancien président Jacques Chirac, tout comme Dominique de Villepin, alors secrétaire général de l'Elysée, et l'ancien ministre de la Défense Charles Millon étaient informés des ventes d'armes à l'Angola en 1995.
Il a aussi annoncé qu'il avait porté plainte ce jeudi contre le juge d'instruction Philippe Courroye chargé de l'Angolagate pour "une instruction uniquement conduite à charge". Cette plainte n'avait pas encore été enregistrée par le parquet de Paris jeudi après-midi.
"En 1995, Jacques Chirac, Dominique de Villepin, Charles Millon (..) étaient informés des ventes d'armes vers l'Angola", a réaffirmé l'ancien ministre de l'Intérieur devant un parterre de près de 200 journalistes.
"Aucune de ces personnalités n'a été entendue par le magistrat instructeur (...), aucun ne s'est opposé à ces opérations alors qu'ils étaient informés", a-t-il ajouté.
Pour appuyer ces dires, M. Pasqua a de nouveau évoqué la note de la DGSE de 1995 relative à ces ventes d'armes et citée dans la procédure. Il a affirmé que cette note avait été adressée à "treize destinataires" dans les hautes sphères de l'Etat, appartenant à la présidence de la République et aux ministères des Affaires étrangères et de la Défense.
"Comment, puisque la justice a estimé que ces ventes d'armes sont illégales, ces autorités n'ont-elles rien fait pour arrêter ces opérations et ne sont-elles pas poursuivies pour complicité", a-t-il demandé.
Dans son jugement, le tribunal correctionnel de Paris avait dénoncé "l'incurie des autorités" dans cette affaire, sans pour autant exonérer les prévenus de leurs responsabilités.
Deux anciens Premiers ministres, Dominique de Villepin et Alain Juppé, ont déja répondu aux affirmations de Charles Pasqua en assurant ne jamais avoir eu connaissance de pratiques illégales.
M. Pasqua a souhaité que le président Nicolas Sarkozy "ne s'oppose pas à la levée du secret défense" dans les affaires de ventes d'armes "mais qu'il la facilite".
Il a aussi fait part de son intention de lancer une pétition auprès des parlementaires pour obtenir la levée du secret-défense dans toutes les affaires de ventes d'armes depuis 2002.
M. Pasqua veut également la constitution d'une commission parlementaire "qui pourrait être présidée par le président de la Cour des comptes", actuellement Philippe Séguin.